> samehMix-IT attaque la semaine prochaine et comme chaque année plusieurs filles sont sur le devant de la scène et vont animer des conférences ou ateliers pendant ces deux jours. Pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir une place, allons à la rencontre de l’une d’elles : Sameh Ben Fredj qui va nous parler d’IoT!

Agnès: Peux-tu te présenter? Sameh: Je Suis Sameh Ben Fredj, consultante en objets connectés et analyse de données chez Xebia France depuis Janvier 2015. Avant de rejoindre Xebia j’étais ingénieur de recherche chez Alcatel-Lucent Bell Labs dans le cadre d’une thèse en CIFRE (Conventions Industrielles de Formation par la REcherche) en partenariat avec Telecom ParisTech. Mes recherches étaient sur le domaine de l’Internet des Objets (IoT) et la découverte des services associés aux objets connectés. J’ai obtenu ma thèse fin 2014. Mon expérience dans le monde de la recherche sur ce domaine était très enrichissante. Par la suite, je voulais compléter cela par une expérience plus opérationnelle pour découvrir les problématiques liées au développement des produits IoT pour les consommateurs. Je suis actuellement sur un projet de développement d’une plateforme IoT qui sera commercialisée prochainement et qui permettra de stocker et analyser les données des objets connectés.

Agnès: Tu vas parler de IoT à mix-it. Mais c’est quoi exactement ? Sameh: Il n’y a pas vraiment une définition standard de l’Internet des Objets. Généralement, on parle de l’extension de l’Internet (monde virtuelle) vers le monde physique et vers les objets qu’on utilise tous les jours (e.g., lampe, porte, voiture, etc…). La définition d’un objet connecté la plus partagée par la communauté IoT est celle d’un objet physique capable de se connecter à l’infrastructure de L’Internet et de faire des mesures de l’environnement physique qui l’entoure comme c’est le cas pour les capteurs et/ou d’agir sur son environnement comme c’est le cas pour les actionneurs. l’IoT est un domaine complexe dans le sens où il fait intervenir plusieurs notions et briques technologiques: Hardware, connectivité réseaux, cloud, analyse de données, sécurité, applications mobiles, etc… Notre présentation à Mix-It aurait pour but d’expliquer ces différentes briques et leurs interactions pour permettre aux auditeurs d’avoir une compréhension globale de l’écosystème IoT. Aussi pour ceux qui veulent lancer leurs propre projets IoT, nous leur présenterons les outils nécessaires et des exemples de projets.

Agnès: Quelle est ton expérience sur l’IoT? Quels genres de projets as-tu mené? Sameh: J’ai découvert ce monde d’IoT à travers mon stage de fin d’études que j’ai effectué chez Alcatel-Lucent Bell Labs en 2010. A l’époque j’ai rejoint une équipe de recherche qui se lançait dans la conception des espaces intelligents (i.e., des espaces physiques qui contiennent des objets connectés) et l’étude de l’expérience utilisateur dans ce genre d’environnement. Durant ce stage, j’ai d’abord participé au développement d’objets connectés et à la définitions des services offerts par ses objets (voir un exemple d’objet que j’ai développé: http://www.ikeahackers.net/2011/10/fadonet.html). Ensuite, le stage a évolué pour travailler sur la problématique de la découverte des ces services en se basant sur la reconnaissance et l’identification des objets connectés par la camera du téléphone et afficher par la suite la liste des services sur le téléphone. Avec l’équipe de recherche , on a fait une démo lors de Open Days d’Alcatel-Lucent qui a suscité beaucoup d’intérêt de la part des visiteurs. De mon côté, J’ai vraiment aimé travailler dans ce domaine et je voulais continuer. Quand mon équipe à Alcatel-Lucent Bell Labs m’a proposé de continuer en thèse CIFRE sur ce sujet, je n’ai pas hésité. Durant la thèse j’ai continué à étudier en profondeur la problématique de la découverte et la recherche des services IoT dans les espaces intelligents.

Agnès: Es-tu plutôt spécialisée sur la captation des données ou sur leur analyse? Sameh: Le stage et la thèse dans ce domaine m’ont permis de travailler sur les différentes briques de l’IoT et donc d’avoir un profil généraliste et d une connaissance globale du domaine. Cependant , pendant ma thèse je me suis plus focalisée sur la partie analyse des données. En effet, je devais définir une architecture pour la recherche des services IoT et les algorithmes associés. Avec la multiplications des objets connectés et par conséquence des services IoT associés à ces objets, l’utilisateur aurait besoin d’un outil pour qu’il puisse chercher efficacement un service demandé. Aujourd’hui, on a le moteur de recherche de Google pour trouver des documents/information sur Internet . Les caractéristiques/contraintes de l’Internet des Objets notamment le scale (l’échelle) , la mobilité et hétérogénéité des objets connectés font que demain on aura aussi besoin d’un moteur de recherche dédié aux objets connectés. Durant ma thèse je devait définir une architecture et des algorithmes qui permettent d’analyser des descriptions de services IoT (sur la base de clustering et d’agrégation de données) et de répondre rapidement à des requêtes utilisateurs en prenant en compte les contraintes du monde IoT citées précédemment. Çà nous a permis d’avoir un brevet sur cette approche proposée.

Agnès: L’IoT c’etait dans les livres de SF que je lisais ado… Et pour la suite : es-tu plutôt Ray Kurzweil ou Big Brother Awards ? Sameh: C’est vrai que IoT semblait être un concept futuriste il y’a quelques années. Même si le M2M existait depuis très longtemps, l’idée de connecter les objets qu’on utilise tous le jours et de les exposer sur le réseau Internet faisait rêver. Aujourd’hui l’Internet des Objets est devenue une réalité, le nombre d’objets connectés est entrain d’augmenter d’une façon considérable et les usages se sont multipliés : domotique , santé, industrie, commerce,etc. La vision de l’Internet des Objets est beaucoup plus large et permet des usages beaucoup plus diversifiées. Les objets pourront par exemple communiquer entre eux et offrir des nouveaux services. Mieux encore ils pourront comprendre nos habitudes grâce à l’intelligence artificielle et prévoir nos envies/besoins. Cette vision est confrontée à plusieurs challenges techniques mais aussi à des challenges liées à la sécurité des données, la confidentialité et le respect de la vie privée. Il faut donc trouver un juste milieux ! Donc pour répondre à ta question, je serai entre les deux :-)

Agnès: Tu fais des conférences depuis longtemps? Est-ce que c’est dur pour toi de te lancer dans l’exercice ? Sameh: Durant la thèse on est souvent amené à communiquer sur nos travaux de recherche à travers des publications scientifiques mais aussi à travers des présentations orales dans des conférences scientifiques qui regroupent des communautés de chercheurs. J’ai eu la chance durant ma thèse de pouvoir participer à des conférences internationales et aussi des workshops et séminaires. Ce qui était le plus dur pour moi c’est de pouvoir expliquer un sujet très technique et un travail dense en peu de temps et à des personnes qui ne connaissent pas le sujet. Les premières fois sont toujours un peu dures, j’ai été beaucoup aidé par les membres de mon équipe et par mon entourage professionnel. Avec un peu d’expérience , on commence à prend goût à l’exercice surtout quand on voit que nos travaux suscite l’intérêt de la communauté et des personnes rencontrées lors des conférences.

Agnès: Qu’est-ce que tu pourrais dire à celles qui ont peur de se lancer pour les encourager? Sameh: Il faut y aller et ne pas avoir peur de l’échec ou du ridicule ! Pour réussir sa présentation à une conférence il n’y a pas de secret : Il faut bien la préparer ! Pour cela il faut passer du temps sur ses slides et bien définir le contenu qu’on veut présenter. Ensuite il faut essayer de se mettre dans les conditions de la conférence et de dérouler son discours. L’idéal serait de pouvoir trouver des personnes qui ne connaissent pas forcement le sujet et avoir leur retours sur la compréhension de la présentation.

Merci Sameh! On te retrouve donc à Mix-it pour ton talk sur l’IoT que tu co-animes avec Philippe Antoine.

Merci à Anne-Laure Rigaudon pour sa relecture!