Nous continuons nos interviews avec un membre de la Team Duchess France : Agnès Crépet. Elle présentera un talk à Devoxx France sur les tests : Le bon testeur il teste… et le mauvais testeur il teste aussi… et vous pourrez aussi la retrouver à Mix-IT, conférence qu’elle coorganise et qui mélange technos et agilité à Lyon les 29-30 avril.

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Blandine : Nous t’avions interviewée en avril 2012 et tu avais déjà une vie bien remplie. En regardant ta bio, on voit que ça n’a pas changé et que tu es toujours aussi dynamique voire même plus ! Peux-tu nous présenter les projets ou réalisations qui te tiennent à coeur ?

Agnès  : Alors forcément le projet qui me tient à cœur en ce moment dans ma vie pro c’est la boite que j’ai cofondée, Ninja Squad. On rêvait d’une boite sous forme coopérative, où chaque homme (chaque femme), avait la même voix. On rêvait d’avoir du temps pour faire de la veille ou pour bosser sur des projets auxquels on croit dur comme fer sans avoir à faire des calculs de ROI compliqués à des managers/commerciaux… On l’a fait et pour le moment on arrive à travailler comme on l’entend et ça, c’est un luxe absolu ! On a encore plein d’envie, plein de pistes d’expérimentations et ça nourrit une partie de mes nuits ;-) Ce qui est classe c’est qu’avec les 3 autres co-fondateurs de Ninja Squad, on partage énormément de valeurs, sur la vie, le rapport au travail, à la prise de risque…  Ce sont trois personnes fortement inspirantes dans mon parcours… C’est d’ailleurs l’un d’eux, Cédric, qui m’a fait découvrir les Duchesses !!! Et bien sûr la conférence Mix-IT me tient également énormément à coeur… J’en parle plus bas ;-)

Blandine : Peux-tu nous décrire une journée type ? As-tu des trucs et astuces d’organisation à nous livrer ?

Agnès : Depuis que j’ai un bébé, je ne lis plus autant les actus (techniques et autres). C’est ce que j’ai fait pendant longtemps le matin, mais je n’ai dorénavant plus le temps. Ça m’arrive encore un peu le soir, mais c’est bien plus réduit… La journée, je bosse sur mes projets pro. Et mes activités associatives et de veille démarrent après 21H… Niveau astuces orga, j’ai des board trello pour la plupart de mes activités (notamment Duchess, Mix-IT, Avataria, une association dont je m’occupe qui organise des évènements culturels dans ma ville) et je re-priorise chaque jour mes tâches. Et bien sûr je timebox mon temps (pomodoro style)… Ca fait un peu discipline d’enfer ce que je décris là, mais c’est comme ça que j’arrive à mener plusieurs combats ;-)

Blandine : Avec Guillaume Ehret, vous allez faire un live coding sur les tests à Devoxx France : Le bon testeur il teste… et le mauvais testeur il teste aussi… Y-a-t-il encore des choses à apprendre ? De quels tests allez-vous parler : unitaire, intégration, etc. ? Le talk s’adresse-t-il spécialement aux débutants ?

Agnès : Alors oui on a proposé un talk plutôt orienté débutant… Je ne pense pas que des spécialistes des tests comme Mathilde Lemée ou David Gageot y apprendraient grand-chose :). Mais on pense qu’il peut être bon de refaire un peu d’évangélisation sur les tests en repartant de la base, souvent mal connue de beaucoup des développeurs, et sans se focaliser sur un outil en particulier (plusieurs seront abordés : Infinitest, AssertJ, JUnitParams, DBSetup). Qui n’est jamais arrivé sur un projet en constatant qu’il fallait parfois plus de temps pour corriger les tests que de faire évoluer le code lui-même? On se focalisera sur les tests unitaires, comment améliorer leur lisibilité, leur maintenabilité et augmenter ainsi la confiance dans le développement d’une application. Le challenge est de privilégier le live-coding sur cette présentation. C’est un exercice difficile, mais je suis persuadée que c’est beaucoup plus efficace que des slides.

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Blandine : Tu travailles dans le monde du développement logiciel depuis plusieurs années. Est-ce que la place et l’importance donnée aux tests dans un projet ont évolué du point de vu développeur et de celui du client ?

Agnès : Du point de vue du développeur, il y a beaucoup plus d’outils qu’il y a 10 ans dans l’écosystème des tests. Quand j’ai commencé à écrire des tests unitaires, au début des années 2000, on utilisait JUnit pour les tests unitaires et point. Je me souviens même d’avoir utilisé la même version (3.8.1) de JUnit pendant une longue période, l’outil évoluait peu. Puis sont arrivés d’autres frameworks, dans le domaine des mocks, des tests d’intégration, ou encore des libraires facilitant l’écriture des tests pour qu’elle soit plus naturelle. D’ailleurs, on peut lancer un beau cocorico puisque les français ont grandement contribué à certains de ces outils. On pourrait citer notamment :

  • Infinitest de David Gageot

  • Fluentenium de Mathilde Lemée

  • TestNG de Cédric Beust

  • AssertJ, un fork de FEST Assert de Joel Costigliola

Dans le domaine des tests de performance, des outils comme Gatling ont selon moi bien changé la donne. Pendant longtemps je me retrouvais sur des projets où si tests de performance il y avait, ils étaient faits très tardivement et non pas par les développeurs, mais par des équipes plutôt infra ou des experts qui intervenaient quand c’était déjà trop tard. Je pense que les développeurs ont tout intérêt à s’intéresser à ces types de tests très tôt. Ils peuvent faire apparaitre des problèmes de conception, ils peuvent remettre en cause l’architecture donc les faire avant la mise en prod c’est un peu tard. A mon sens, ils devraient être faits incrémentalement à chaque itération de développement.

Du point de vue du client, je dirais qu’ils commencent à comprendre à quel point les tests peuvent faire gagner du temps sur le temps qu’on pourrait perdre (à maintenir, à debugger).

Mais personnellement, là où je passe encore beaucoup de temps à défendre les tests c’est encore auprès des développeurs. Ca parait incroyable mais c’est le cas, quelques uns pensent que ça ne sert à rien (peu je vous rassure) et la majorité sont persuadés qu’il faut tester mais bon pas trop et “puisque bon le code des tests on peut le faire un peu en mode “à l’arrache”, ce n’est pas grave”,”ce n’est qu’un test”. Je défends au contraire l’approche selon laquelle il faut choyer le code de ses tests et que de cette manière on peut réellement avoir confiance dans l’avancée de nos développements.

Blandine : Tu t’occupes aussi de l’organisation de Mix-IT. Peux-tu nous dire quelques mots sur l’événement ? Les thèmes ? Quel est ton rôle ? La conférence est déjà sold-out, est-ce que les vidéos des sessions seront disponibles ?

Agnès : Oui la conférence est sold-out (500 personnes chaque jour, les places sont parties en 43 heures !) mais il y aura des vidéos. Nos amis d’InfoQ FR seront là pour filmer certains talks.

Mix-IT, on l’a fondé à 6/7 il y a 4 ans et on essaie de la façonner selon nos convictions. On se donne les moyens d’inviter les speakers qui nous font rêver, de maintenir un prix d’entrée accessible (50 euros pour 2 jours!), de créer des moments conviviaux, de surprendre notre public en invitant des personnes à venir faire des talks sur des sujets par directement liés à l’IT mais dont le sujet peut nous apporter dans nos métiers.. Bref on essaie de construire la conférence de nos rêves, et le tout en mode bénévole. c’est un boulot énorme, surtout qu’on est finalement une petite équipe…

Mix-IT c’est 50% de talks agiles et 50% de talks techniques. Pour ma partie, donc la partie plutôt technique, à la base (la première édition) on avait beaucoup de sujets autour de Java, mais on a vite dévié : aujourd’hui les thèmes sont plus larges, par exemple au delà de l’écosystème java, on retrouvera des sujets autour de Javascript, des langages et outils du web en passant par Docker, les architectures scalables ou le messaging. Et puis Mix-IT ce sont aussi des sujets pas comme les autres, vous pourrez vous plonger dans l’univers voisin des jeux vidéos, vous pourrez comprendre ce qu’est le machine learning, vous pourrez vous mettre à l’impression 3D ou encore apprendre à protéger votre vie numérique. Vous aurez aussi l’occasion de voir des talks sur la culture des programmeurs ou la diversité dans l’IT.

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Dans l’équipe Mix-IT, il n’y a pas de personne en charge d’inviter les speakers, des personnes dédiées à la sélection des talks du Call For paper (CFP), d’autres à la recherche de sponsors. On est même assez dingues pour avoir développé nous même (enfin pour beaucoup @clacote) le site. On fait tous un peu toutes les tâches. Donc je me retrouve à inviter des filles speakers américaines (et oui j’exerce quand même mon rôle de Duchess !), à commander les tee-shirts, à réserver des vols, à contacter des sponsors potentiels, à sélectionner les sujets soumis au CFP (30 sur 200 propositions !). C’est très enrichissant… Et très fatigant, chaque année on se demande si on aura la force de recommencer et chaque année on recommence !!! Jusqu’à quand ? ;-) Je suis assez adepte de la phrase d’Einstein : “l’imagination est plus importante que le savoir”… Et c’est bien l’esprit que je peux essayer d’insuffler à mon échelle dans Mix-IT…

En tout cas dans l’équipe Mix-IT, j’ai rencontré des gens incroyables. On se charrie beaucoup entre agilistes et techos (Mix-IT c’est coorganisé par le Club Agile Rhône-Alpes et le Lyon JUG) mais on apprend beaucoup les uns des autres ! Pas un de nous n’essaie de se mettre en avant, de s’approprier la conf, Mix-IT c’est réellement une orga collaborative !!! Et ça c’est plutôt chouette.

Merci Agnès pour cette interview pleine d’énergie. Retrouvez-la à Devoxx France et Mix-IT !