Poursuivons notre série d’interviews de femmes speakeuses et allons aujourd’hui à la rencontre de Cecilia Bossard, développeuse et fan d’agilité! Encore une fille plein d’énergie et pluri-activiste!

Cecilia Bossard

Agnès : Peux-tu te présenter, ton métier, ton parcours? As-tu des activités geeks extra-pro ?

Cécilia : Je m’appelle Cécilia, et je suis développeuse / scrum master et un peu coach agile. J’ai réellement commencé l’informatique avec l’option informatique au lycée à la grande époque des sites web perso (années 2000). Du coup, en terminale, je me suis dit “pourquoi pas ?” et je me suis lancée dans un DUT informatique. J’ai préféré commencer par un parcours court au cas où je n’accrocherais pas. Finalement, à la fin du DUT, j’ai continué en école d’ingénieur (Polytech’Nantes) dont je suis sortie en 2005.

J’ai des activités extra-pro assez geek. Vivant avec un informaticien, notre maison est fatalement envahie de PCs, Raspberry, Nabaztag, Myo et autre gadgets :-) Et nos filles sont déjà des fans inconditionnelles de Nao ^^

En dehors de mon travail, j’aime bien bidouiller sur mon PC, même si le temps imparti à ces activités est assez réduit. J’aime également faire de la couture et j’ai réussi à combiner mes deux passes-temps avec les wearables electronics. Je ne fais rien de très concret, mais j’expérimente pour peut-être un jour fabriquer des super costumes à nos filles avec des LEDs qui clignotent dans tous les sens !

Je suis également membre fondatrice des Women In Technology à Nantes (groupe de femmes et d’hommes dans la technique dont le but et de montrer qu’on peut être une femme et s’épanouir dans ces métiers et les faire découvrir aux plus jeunes. En gros, ça regroupe les missions des Duchesses et des Devoxx4Kids en une seule structure sur Nantes).

Je suis également pas mal impliquée dans la communauté agile sur Nantes en participant à l’organisation de l’Agile Tour et en essayant autant que faire se peut de participer aux activités d’Agile Nantes.

Agnès : C’est quoi dans “ta vie” qui t’a donné le goût de ton métier? Cécilia : J’ai commencé très tôt à m’intéresser aux ordinateurs. Mon père était instituteur et avait dans sa classe des EXL 100. Avec mes sœurs, nous avons passé de nombreuses soirées parents/enseignants à attendre en jouant sur ces ordinateurs. Nous savions taper les lignes de commandes pour lancer les jeux avant même de savoir lire !

Mes parents étaient un peu geeks dans l’âme et nous avons eu très tôt un ordinateur à la maison. J’ai tout de suite voulu comprendre comment il fonctionnait et voir ce qu’on pouvait faire avec (le site web de l’école de mon père en a été un triste cobaye).

Je pense que cette éducation m’a particulièrement aidée à prendre goût à la technique et m’a donné envie de continuer dans cette voie. En tout cas, je remercie énormément mes parents de ne pas m’avoir bridée dans cette envie de comprendre et de mettre les “mains dans le cambouis”.

Agnès : Quels sont les derniers talks que tu as donné? Les prochains? Cécilia : Le dernier talk que j’ai donné n’avait absolument rien de technique et traitait de la diversité en entreprise (hommes, femmes, jeunes, vieux, petits, grands, …) pour le DevFest à Nantes. Nous l’avons élaboré avec les WIT. J’avais précédemment présenté des lightning talks à propos des femmes dans les équipes de dev. Je pense que nous allons continuer de travailler sur notre talk sur la diversité pour le présenter ailleurs.

Je proposerai également à l’Agile Tour nantais un Pecha-Kucha (dont le sujet reste une surprise, mais traitera… de l’agilité ;-) ).

J’aimerais proposer à l’avenir un sujet technique, mais il faut que je bosse plus sérieusement sur le sujet.

Agnès : C’est dur pour toi de faire des talks ou, au contraire, tu trouves ça fun? Quels sont tes trucs pour te préparer? Cécilia : Je n’ai pas ressenti de crainte particulière à l’idée de faire des talks. Il faut dire que je vise des publics restreints, donc ce n’est pas plus intimidant que de donner une formation.

J’ai fait mes premiers talks en binôme, sur des sujets que je maîtrisais bien et à destination d’un public débutant (initiation à l’agilité). Ça m’a permis d’évacuer une grande partie du stress : on sait que l’autre personne sera là si on oublie de dire des choses et on sait qu’on ne risque pas de dire de trop grosses bêtises car le sujet est bien maitrisé.

En commençant par des événements locaux ou des meetup, ça permet de se lancer devant un public réduit et qu’on connait en grande partie (surtout en province où les user groups se transforment en retrouvailles entre anciens collègues ou camarades de promo).

En fait, je trouve ça plutôt fun de “monter sur scène”. Je trouve surtout super intéressant d’avoir les retours des participants et de discuter avec eux du sujet après la session.

Agnès : Tu t’impliques dans les Coding Gouters de Nantes. Peux-tu expliquer en quoi cela consiste? Et qu’est-ce qui te pousse à t’investir sur ce type d’activité bénévole? Cécilia : Les coding goûters, tels qu’on les fait à Nantes, sont des après-midi où parents et enfants vont venir “jouer à programmer” avec des logiciels comme Scratch, Scratch Jr pour les plus petits, Code combat,… On y croise aussi de temps en temps des Makey Makey ou des Lego Mindstorms apportés par des participants.

Contrairement aux Devoxx4Kids où les parents ne sont pas présents, là ils sont totalement impliqués. Le principe est vraiment que les adultes et les enfants apprennent et progressent ensemble. Ce sont parfois les adultes qui emmènent leurs enfants (ce sont souvent dans ce cas des informaticiens qui veulent faire découvrir leur métier à leurs enfants), mais nous avons également des enfants ayant participé à un Devoxx4Kids qui ont souhaités faire découvrir tout ça à leurs parents.

Ce sont des moments vraiment chouettes et conviviaux où tout le monde apprend ensemble, où on s’entraide, on s’amuse et bien sûr, on mange tous ensemble des gâteaux ! Ce qui est chouette également, c’est que nous avons des enfants de tous âges qui sont présents (bien sûr, les plus petits n’arrivent pas à rester derrière un écran ou une tablette toute l’après-midi, mais ils font des coloriages / découpages qui égayent la session et ils s’émerveillent des créations des plus grands).

Avec mon conjoint, nous avons eu l’envie de lancer ces événements récurrents après avoir participé à plusieurs Devoxx4Kids sur Nantes où nous ressentions une certaine frustration des enfants de ne pas pouvoir terminer ce qu’ils avaient commencé, et également une frustration des parents de ne pas comprendre ce qu’avaient fait leurs enfants et pourquoi ils étaient si enthousiastes après avoir passé 2 heures derrière un PC. Le but de ces ateliers est vraiment à mon sens de les rendre acteurs des technologies et non consommateurs.

Pour moi, m’impliquer dans ce type d’atelier permet de transmettre ma passion, de montrer qu’être informaticien, ce n’est pas être enfermé dans une cave toute la journée (et toute la nuit) et de montrer qu’on peut s’amuser en créant des choses, même virtuelles. Quoi de mieux que de jouer avec ses copains sur un jeu vidéo qu’on a créé soi-même ?

Agnès : Est-ce que tu vas régulièrement à des confs techniques? Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans ce type d’évènements? Quelles sont tes chouchoutes? J’essaie d’aller autant que possible à des confs techniques, mais le planning n’est pas toujours facile à gérer avec les enfants (surtout quand on est deux à vouloir assister aux confs). Du coup, c’est par alternance que j’y vais, une sorte de garde alternée technique ;-)

Ce que j’aime dans ces événements, c’est déjà de pouvoir faire en une journée (ou plusieurs) une grande partie de la veille que je n’ai pas eu le temps de faire, apprendre de nouvelles choses et me mettre en dehors de ma zone de confort.

J’apprécie également de pouvoir discuter avec les autres participants de sujets particuliers sur lesquels je n’ai pas l’occasion de parler avec mes collègues tous les jours, de découvrir leurs pratiques, etc… Et ce sont aussi des moments où on retrouve d’anciens camarades ou collègues, ce qui est toujours sympa :-)

Je privilégie les confs plutôt locales (Agile Tour Nantes et Rennes, BreizhCamp, DevFest, JUG Summer Camp, …), en grande partie pour des raisons logistiques. Mais je n’ai pas trop à me plaindre, elles sont de qualité dans l’ouest !

Agnès : Quels sont à tes yeux les trucs qui peuvent marcher pour “accrocher” les filles aux métiers techniques de l’informatique ? Cécilia : C’est assez difficile à dire… Il y a beaucoup d’initiatives en ce moment qui vont dans le bon sens (et les Devoxx4Kids en sont une très bonne à mon avis). Et pour les plus grand(e)s, ce que font les RailsGirls est vraiment top ! D’ailleurs, j’en profite pour lancer un appel à volontaires pour lancer une telle initiative dans l’ouest !

Je pense qu’il y a un travail de fond à faire dans notre société pour que les gens arrêtent d’assimiler technique à garçon et que les petites filles se sentent entièrement à leur place derrière un PC, un fer à souder ou une imprimante 3D. Pour ma part, j’ai appris à faire abstraction des remarques machistes, mais je sais qu’elles finissent par en dégoûter certaines et je trouve ça très dommage (c’est vrai que s’entendre dire 500 fois au travail qu’étant donné qu’on est une fille, on va pouvoir faire des gâteaux pour toute l’équipe pour fêter tel ou tel événement, ça devient lassant…)

Montrer que l’informatique est un métier de création, où les relations sociales sont primordiales peut changer les choses. En gros, il faut casser les clichés des geeks :-)

Merci Cécilia !

N’hésitez pas à la suivre sur twitter.

Cet interview a été préparé par Agnès CREPET