En Septembre dernier Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, s’est rendue à Abidjan et a rencontré les acteurs et actrices locaux du numérique.

Direction la Côte d’Ivoire à la rencontre de l’une d’entre elles : Eléonore Koffi, présidente des AmazoOn du Web.

 

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Ludwine. Peux-tu te présenter ?

Eléonore. Je suis Eléonore Koffi, informaticienne de formation. J’adore la programmation web et l’infographie même si je n’en suis pas encore une experte. Aujourd’hui j’occupe un poste de Community Manager dans une boîte de développement d’application. Avant cela, j’ai débuté comme rédactrice de production dans une agence d’assurance, un domaine différent de ma formation mais passionnant par son côté commercial. Et j’ai aussi travaillé dans du social Media pour SOCIALSPOT, une startup informatique.

En dehors de mon job, j’adore les enfants et la cuisine, j’aime aussi la musique et la danse. Et je passe beaucoup de temps devant mon PC en m’essayant au design.

 

Pourquoi avoir choisi l’informatique et le numérique ?

J’ai choisi l’informatique et le numérique parce que je trouvais ce milieu un peu fermé. Je l’ai pris comme un défi à relever tout comme la série C que j’ai faite au lycée, un milieu effrayant pour les filles à cause des mathématiques et de la physique. J’ai décidé de croire en moi et je me dis que puisque j’avais réussi à obtenir un BAC série C, alors je pouvais être à la hauteur dans cette filière informatique.

Ce qui me plaît dans ce secteur c’est que c’est tout simplement passionnant et vraiment ouvert : il y a beaucoup d’opportunités et dans le même temps, on a le choix de s’orienter dans le domaine où l’on se sent le mieux. Moi j’adore la programmation web et le métier de community manager.

 

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« former une femme, c’est former toute une nation »

Tu es présidente de l’association AmazoOn du Web. Comment le projet est-il né ? Quelle est sa mission et ses ambitions ?

Le projet est une initiative de Bacely Yorobi qui a voulu mettre en place une association composée uniquement de femmes pour enseigner à leurs consœurs. Aujourd’hui je suis la présidente mais j’ai derrière moi une merveilleuse équipe qui me soutient dans la mesure du possible. C’est du bénévolat c’est vrai, mais quand elles le peuvent, elles y mettent du cœur (Merci aux AmazoOn du web !).

Notre mission c’est de faire la promotion des Technologies de l’Information et de la communication au sein de la gente féminine en Côte d’Ivoire.

Les ambitions des AmazoOn du web sont de mettre en place des cellules AmazoOn dans les écoles de filles, les écoles mixtes et les grandes écoles en vue de la sensibilisation aux TIC, puis de créer une génération d’enfants dit «numérique». Les AmazoOn du Web sont aussi là pour permettre l’épanouissement des femmes. Pour nous le développement et la formation de notre nation passe par la formation des femmes : « former une femme, c’est former toute une nation ».

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notre désir : encourager encore plus de femmes à utiliser les TIC dans leurs différentes activités

Quelles sont vos actions concrètes ? Comment vois-tu l’association dans les prochaines années ?

Nous organisons des sessions de formation théorique et pratique en informatique, ainsi que des conférences portant sur des thèmes informatiques dans les écoles, puis des ateliers de formation.

L’un de nos buts : former des femmes au B.A.BA de l’informatique via des associations et institutions féminines.  Nos sessions de programmation et de design les aident à les familiariser au code et  réveiller leur talent  caché de designer et codeuse.

Par exemple, nous allons dans les marchés à la rencontre des commerçantes. Nous leur montrons par exemple comment elles peuvent avoir de la clientèle via les réseaux sociaux. En plus de cela nous leur apprenons à l’aide d’un petit logiciel de gestion comment gérer leur caisse.

Sinon au mois de décembre, nous organisons ce que nous appelons le spécial zoon-meeting. C’est une formation en TIC pour les femmes et l’occasion d’un Noël anticipé pour des enfants démunis. Par exemple en 2013, nous étions au village d’enfant sos, une structure qui accueille les enfants démunis. Nous y avons organisé des actions sociales en faveur de ces enfants et par la même occasion formé les femmes qui les ont encadré en TIC.

Nous avons aussi WHOCODE (Woman who code), un programme spécial dédié à la programmation pour des femmes et jeunes filles désireuses de se lancer dans le code.

La suite pour nous c’est d’avoir toujours notre équipe forte, soudée et incontournable avec le même désir : encourager encore plus de femmes à utiliser les TIC dans leurs différentes activités. Nous espérons avoir plus de moyens et des salles multimédia pour nos formations des femmes au numérique. Et puis pourquoi pas une équipe de codeuses qui mettrait en place des applications pour les besoins de la population ?

 

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il est important de faire la promotion des TIC en tant que domaine d’avenir prometteur et de réveiller le talent caché dans ces femmes

Quels sont les difficultés auxquelles vous devez faire face, et les défis que vous devez relever ?

L’une des difficultés majeures est le manque d’équipement : la majorité des jeunes filles et des femmes n’ont pas d’ordinateur. De fait nous faisons les formation avec nos propres ordinateurs, et sommes donc limités.

L’un de nos défis est de faire en sorte que les femmes aient moins peur des TIC, briser les stéréotypes et barrières basés sur le genre, et changer les mentalités. Pour nous il est important de faire la promotion des TIC en tant que domaine d’avenir prometteur et de réveiller le talent caché dans ces femmes qui représentent un atout pour le développement de notre pays.

 

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En France, les femmes restent sous-représentées dans les métiers techniques de l’informatique (autour de 10% des développeuses). Ce chiffre peine à augmenter et des stéréotypes persistent. Quelle est la situation en Côte d’Ivoire ?

Ici  en Côte d’Ivoire, la présence des femmes dans les filières et métiers informatique n’est pas élevée, même s’il y en a. Je pense que les femmes vont peu dans ces filières parce qu’elles se sont mises des barrières. Pour elles certains métiers sont pour les hommes et d’autres pour les femmes. D’ailleurs parfois des personnes découragent les filles qui se lancent dans ce genre de filière.

 

Comment s’articule l’écosystème numérique aujourd’hui en Côte d’Ivoire ?

L’écosystème numérique en Côte d’Ivoire est présent et représenté par des activistes, des blogueurs et des acteurs du libre qui travaillent sur la production de contenu local. Il y a également des communautés de développeurs dont les majeurs sont issus des programmes Google Developer Group, Mozilla Community.

Des événements du type startup week-end ou hackathons sont régulièrement organisés.

Depuis la visite d’Axelle Lemaire, les communautés s’activent pour fédérer toutes ces initiatives et groupes existants.

 

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Pour finir, parfois une rencontre peut changer notre vie. Quels sont les femmes et hommes qui ont changé ta vie, et qui sont les modèles qui t’ont inspirés ?

Feu président Felix Houphouet boigny pour sa sagesse : il prenait les choses avec beaucoup d’intelligence et de tact et pensait toujours au dévéloppement de son pays.

Mère Thérésa pour son amour pour les autres : elle savait trouver le bonheur en aidant les autres. De plus je crois que les personnes dans notre entourage ont forcément besoin qu’on leur donne une chance.

Sheryl Sandberg tout simplement parce que c’est une femme qui ose, une femme battante qui n’a pas peur de faire ce que certains qualifieraient de “métier d’homme”.

Et enfin le pape actuel, Le pape François, qui a un cœur aimant.

 

Un grand merci à Eléonore !

Son blog : nouramag

Les AmazoOn du Web : https://www.facebook.com/lesamazoon

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