Nous vous proposons aujourd’hui le portrait de Lorie Pisicchio que j’avais rencontrée lors de RivieraDev 2015 où elle faisait ses premiers pas en tant que speakeuse.

Lorie Pisicchio

Lorie, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?

Lorie Pisicchio, mariée, 1 enfant, et un 2ème prévu pour 2016. Je me suis intéressée à l’informatique assez tard. J’ai eu mon 1er ordinateur à la maison alors que j’avais déjà 18 ans !! Après le bac, ne sachant pas trop quoi faire, j’avais commencé par une classe prépa bio, dans le but de travailler dans le monde de l’agro-alimentaire. Je me suis rapidement aperçue que ces métiers ne me convenaient pas. Par contre, ça m’a permis de découvrir l’algorithmique (il y avait 1h par semaine au programme). Et c’est ce qui m’a donné envie de poursuivre mes études dans l’informatique.

Ayant été “refroidie” par l’aspect bachotage des classes prépa, j’ai préféré repasser sur un DUT Informatique, dans le but d’acquérir des connaissances plus concrète. Au termes des 2 ans d’IUT, j’ai intégré l’ENSIMAG où j’ai terminé mon cursus scolaire. J’ai fait mon stage de fin d’études de 6 mois chez France Telecom R&D sur un logiciel de reconnaissance d’écriture sur mobile. J’ai ensuite travaillé 4 ans chez Schneider Electric, sur un logiciel de configuration pour des relais de protection moyenne tension. Puis, j’ai eu envie de tenter l’aventure startup, et suis rentrée chez Streamdata.io (qui s’appelait Mootwin à l’époque), chez qui je suis toujours.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton poste chez Streamdata.io ?

J’ai intégré Streamdata.io en 2010. La société avait à l’époque 2 ans. J’étais la 13ème employée (et 1ère femme dans l’équipe technique !). La société a toujours été dans le domaine du push et du temps réel, mais à l’époque, faute de renommée, nous faisions aussi du développement d’application mobile pour nos clients. J’ai intégré la société dans l’équipe “Produit”, ma première mission a été de migrer la plateforme serveur vers une technologie OSGi. Pour la petite histoire, c’est grâce à mon stage chez France Telecom que j’ai pu avoir le poste car j’avais déjà une expérience sur des technos multi-agents. J’ai ensuite participé aux évolutions du produit, à la fois sur la partie serveur (technos Java, OSGi), mais aussi sur les SDKs client, et notamment le SDK Android (encore de vieilles affinités datant de l’époque France Télécom !). A mon retour de congés maternité, lors de la restructuration des équipes suite à un changement de direction, on m’a proposé de prendre le poste de “Responsable Produit”. Les méthodes Agile étaient déjà utilisées de manière un peu artisanales dans l’équipe, j’ai donc souhaité transformer un peu cela, convaincue que cela pouvait beaucoup nous apporter. J’ai donc requalifié mon poste en “Scrum Master”, et formé un binôme avec le CTO de l’époque qui est maintenant “Product Owner”. On forme un beau binôme, et nous avons réussi à transformer un ensemble d’individus très bons techniquements en une équipe soudée et performante, et pour moi, c’est une belle réussite ! De cela est né streamdata.io, une version SaaS de notre produit, plus facile à appréhender par les développeurs, qui est promis à un bel avenir !

Comment se passe ton quotidien ?

Mes journées sont à peu près divisées en 2 : une part du job de Scrum Master, et une part de développement. Pour la partie Scrum Master, mon rôle consiste à m’assurer que la communication se passe bien dans l’équipe, à veiller à ce qu’aucune information importante ne m’échappe et n’échappe aux personnes concernées, à rassembler l’équipe pour le standup, suivre la progression du backlog, et préparer et animer les “cérémonies” des sprints (démo, sprint planning meetings, retrospectives). J’aime bien passer du temps à chercher de nouvelles idées pour animer ces temps, histoire de rompre la monotonie et de garder l’intérêt de l’équipe. Je veille surtout à ce que chacun de ces temps de “réunion” soient profitables et apportent quelque chose à l’équipe. Je suis contre l’application à la lettre d’une méthode quelle qu’elle soit sans y trouver un vrai intérêt. Je m’intéresse aussi à mes temps perdus (qui sont malheureusement trop rares) à la psychologie et aux sciences humaines. Je pense que c’est un vrai atout de comprendre comment l’être humain fonctionne sur des postes d’encadrement d’équipe.

Pour ce qui est de la partie développement, le produit streamdata.io est composé de plusieurs parties. Je touche un peu à tout. Le site vitrine (wordpress), le portal d’admin qui permet aux utilisateurs de configurer leurs applications (angular, bower, liquibase, spring, et autres). La partie proxy (le cœur de produit) est en Java/RxJava, nous avons des démos en Javascript, en Android, iOS. Bref, c’est vraiment varié !

Quel est le projet le plus cool sur lequel tu as travaillé et pourquoi ?

J’ai un très bon souvenir de mon tout 1er projet : le développement d’une application mobile pour faire de la reconnaissance d’écriture. C’était le début des applications mobiles. A l’époque, les smartphones n’étaient pas encore aussi communs que maintenant (j’ai l’impression d’être un dinosaure quand je dis ça!!), et on développait en J2ME!… C’était une bonne expérience, pour laquelle j’ai bénéficié d’un très bon encadrement qui m’a permis de mettre le pied à l’étrier pour cette première expérience professionnelle.

Mais le projet le plus enrichissant sur lequel j’ai eu l’occasion de bosser est la création de streamdata.io ! La mise sur le marché d’un produit en mode MVP (Minimum Viable Product), la découverte des communautés de développeurs, des conférences, meetup et autres occasions de rencontrer du monde et de discuter technique, c’est vraiment un monde à part!…

Peux-tu nous faire un retour sur ton expérience comme speakeuse à RivieraDev 2015 : “Comment réduire les données envoyé par une API avec du Push et JSON Patch” ? As-tu des anecdotes ?

J’avais déjà fait quelques présentations chez des clients, ou pour des meetup, mais j’ai fait mon premier talk devant une large audience lors de RivieraDev 2015. Et il se trouve que j’ai du faire cette présentation car les personnes de la boite qui avaient l’habitude de se prêter à l’exercice étaient à BreizhCamp au même moment ! Il fallait donc trouver de nouveau volontaires. Faire un talk, ce n’est pas un exercice facile pour des personnes issues du monde de la technique (en tout cas, ça ne l’est pas pour moi !). Et puis, il y a le syndrome de l’imposteur : pourquoi moi ? qu’est-ce que je prétends savoir mieux que les autres ?

Certains sont capables de se lancer avec un minimum de préparation. Pour moi, ce n’est pas le cas. Avant chaque présentation, je passe des heures à préparer les slides, répéter, et répéter encore pour être sûre de ne pas avoir de trou de mémoire. Je pense que le plus efficace si on veut se sentir prêt pour ce genre d’exercice, c’est de répéter devant un public ami : un auditoire en qui on peut avoir confiance et qui ne vous jugera pas si vous bafouillez, afin de régler les derniers détails, et surtout d’avoir du feedback pour pouvoir améliorer la présentation.

Lors de RivieraDev, j’ai fait ma présentation en binome avec Allan : il présentait la partie slides, et moi je faisais le live coding. Un exercice plutôt casse-gueule, surtout en Javascript !! Mais c’était une bonne expérience, et je le referais avec plaisir si j’en avais l’occasion.

Pour la petite histoire, lors de ce talk, Thomas Guenoux, le fondateur de CommitStrip était dans la salle. Et quelque jours plus tard, une nouvelle planche est sortie : “When you have no room for error” au sujet des live coding session. Je n’ai jamais su si c’était moi qui avait inspiré cette publication!…

Tu t’intéresses aussi aux ateliers de code pour enfant. Pourquoi est-ce important pour toi ? Qu’est-ce que ça t’apporte ?

Comme je le disais, j’ai découvert l’informatique très tard. Pas trop tard pour ré-orienter mes études, heureusement, mais c’était moins une ! Je pense que l’algorithmique et la programmation ont vraiment toute leur place dans l’éducation des enfants parce que cela donne de bonnes bases de logique, et de raisonnement, parce que ça peut être enseigné de manière ludique sur la base de jeux, mais surtout, parce que ces matières nous apprennent le droit à l’erreur, et les démarches de décomposition de problèmes en petites épreuves plus simples à réaliser. Je vous invite à écoute le talk TEDx de Nikos Michalakis à ce sujet : c’est très intéressant! Ma fille est encore trop petite pour l’instant pour être initiée (elle aura 2 ans en janvier), mais j’ai la ferme intention de tester Dr Techniko avec elle dès l’été prochain!

Quelques mots sur les communautés autour de l’IT sur Grenoble …

Effectivement, la région Grenobloise commence à bouger un peu autour de ces sujets. Depuis plusieurs années, Agile Grenoble fait systématiquement le plein, mais des conférences plus techniques commencent à prendre place. Les HumanTalk ont repris du service depuis la rentrée avec une nouvelle équipe de volontaires. La relève est en marche pour Devoxx4Kids avec une nouvelle équipe qui va prendre le relais après le succès de la 1ère édition. Et surtout il y a le SnowCamp! La 1ère édition promet d’être sympa avec de bons talks proposés dans le CFP (fin du CFP le 25 décembre). J’espère qu’on arrivera à avoir une aussi belle renommée que MixIT ou BreizhCamp…

Quel serait ton conseil à tous ceux/celles qui sont intéressé(e)s par une carrière dans l’informatique/le développement ?

Entretenez ou développez votre curiosité. N’ayez pas peur de prendre du temps pour essayer les nouvelles technos qui passent. Même si ce n’est pas applicable tout de suite dans un projet, ça le sera surement un jour, ne serait-ce que pour avoir des idées lors du démarrage de nouveaux projets. Et surtout : allez assister aux confs!! Il n’y a rien de plus efficace pour démarrer sur une nouvelle techno/technique que d’écouter le retour d’expérience de ceux qui ont déjà travaillé avec depuis des mois!

Merci Lorie pour cette interview. On te souhaite plein de bonnes choses pour l’avenir.