Je suis loin de me définir comme quelqu’un qui est naturellement à l’aise pour prendre la parole en public. Souvent, j’ai tendance à penser que ce que je fais n’est jamais aussi bien que ce que les autres font, pas du même niveau, ce qui du coup ne me pousse pas à mettre en avant mon savoir-faire. À tort. J’ai découvert avec le temps que non seulement j’étais loin d’être la seule à ressentir cela mais qu’en plus ce sentiment portait un nom :

Le syndrome de l’imposteur

zebre_imposteur Il nous touche, nous les filles, plus souvent que nos homologues masculins. Enfin bref, je ne vais pas m’étaler plus que cela sur le sujet, ce n’est pas le but ici, mais si vous ne l’avez pas encore fait, je vous invite à aller lire l’article de Aurélie Vaché qui traite très bien le sujet.

Ayant conscience qu’il fallait que je prenne le taureau par les cornes pour ne pas me gâcher des opportunités qui pouvaient s’offrir à moi dans le futur j’ai choisi de me fixer comme objectif de combattre ce ressenti non pas en attendant que des initiatives viennent à moi mais en les provoquant.

Évidemment la première chose que j’allais faire ce n’était pas d’aller me pointer à une conférence avec mon petit sujet devant 500 personnes. Car outre les conférences, il y a plein d’autres façons de partager son expérience en public.

L’informatique est un domaine qui mérite énormément d’être partagé. Il n’en tient qu’à vous de le faire de la façon qui vous correspond le mieux mais l’important c’est de ne pas rester dans son coin car, à mon sens, la meilleure façon de progresser dans un domaine aussi riche que l’informatique (et cela reste vrai pour les autres domaines) c’est de faire partager et de soumettre son propre savoir aux autres. C’est ce qui nous fait apprendre davantage et surtout accélère notre apprentissage.

Voici donc trois initiatives qui vont vous permettre de mettre en avant votre savoir-faire en informatique tout en vous aidant à prendre confiance en vous. Comme tout, le plus dur c’est toujours de se lancer : prenez le temps d’y aller étape par étape.

1ère initiative : Le Mentorat

Businessman's outstretched arm passing a flaming torch to another businessman's open hand

Parler de soi, de son parcours c’est ce qu’il y a de plus naturel. En effet qui peut être mieux placé que soi-même quand il s’agit de parler de son expérience. Chaque parcours est différent, unique et mérite d’être raconté.

L’un des objectifs du Mentorat pratiqué dans les écoles est de pouvoir éclairer les jeunes dans leur futur choix d’orientation mais aussi de les pousser et les encourager dans leur voie. Il est toujours intéressant d’avoir quelqu’un sur lequel on va pouvoir s’appuyer, une expérience à laquelle se raccrocher car quand on débute on est certain de rien et ça nous arrive souvent de faire des choix par défaut ou de se décourager très facilement.

J’aurais beaucoup aimé avoir, moi aussi à l’époque, quelqu’un à qui poser mes questions et à qui exposer mes doutes quant à mon avenir professionnel.  Cela m’aurait sûrement aidé à prendre certaines décisions plutôt que d’autres.

La seule expérience requise donc pour faire du mentorat c’est d’avoir un petit parcours professionnel et scolaire ;)

Mon expérience Le Mentorat à l’INSA de Lyon pour les 1ères années du cycle préparatoire ingénieur

J’ai été approchée par une ancienne camarade de fac qui recherchait des volontaires afin d’effectuer du mentorat le soir après les cours.

La première partie de la séance s’est déroulée en grand amphi devant une promotion d’environ 60 étudiants. Chaque mentor présent (nous étions une dizaine)  s’est présenté à tour de rôle, nous étions tous ingénieur mais de différents horizons : dans le génie civil, dans l’agroalimentaire, dans l’informatique, etc. J’étais la plus jeune des mentors, ce qui m’a value, je pense, encore une grande attention de la part des élèves.  C’est naturel, on s’identifie plus rapidement à ceux qui nous semblent le plus immédiatement similaire à nous-même . C’est ainsi que, de même, je me suis imaginée à leur place quelques années plus tôt.

La seconde partie de la séance était dans un cadre plus intime : avec un groupe de 6 étudiants nous étions disposés en cercle afin que je puisse répondre à leurs interrogations ou leurs doutes. J’ai eu la chance d’avoir avec moi des élèves qui venaient de ma région natale l’île de la Réunion, car ils ont atterri ici grâce à un programme un peu spécial qui aide (entre autres) les dom-tom à accéder aux filières ingénieur. Un bien beau hasard qui nous a rapprochés encore plus dans les échanges.

Au final on ressort de ce genre de soirée avec le moral remonté à bloc et le sentiment très agréable d’avoir été utile aux autres avec un gros gain de confiance en soi. On se rend compte que finalement on a de quoi être fier de son parcours tel qu’il est et qu’on peut même en inspirer d’autres. Certes, certains diront qu’ils n’ont pas le temps pour ça, qu’ils auraient pu occuper leur soirée à autre chose, mais une soirée ce n’est pas grand chose et ceux qui se font mentorer vous le rendront mille fois.

Renseignez-vous dans les écoles pour participer à ce genre de programme cela se fait de plus en plus fréquemment.

2nd initiative : Animer un atelier de programmation

marion

Organisés le plus souvent lors d’événements et principalement le weekend, les ateliers de programmation s’adressent à des personnes de tout niveau de tout âge et permettent notamment de s’initier à un nouveau langage tout en étant accompagné. C’est souvent l’occasion d’élargir ses horizons le temps d’une après-midi ou d’une soirée, de prendre le temps qu’on aurait pas osé prendre seul.

Les personnes qui organisent ces ateliers sont le plus souvent bénévoles et cherchent toujours d’autres partenaires pour les aider à animer les prochains ateliers. N’hésitez pas à aller à leur rencontre. Vous pouvez aussi être l’initiateur de ce genre d’événement si rien n’existe dans votre domaine. Le plus compliqué reste souvent d’avoir un local pour l’organiser.

L’un des principaux avantages est que l’on est rarement seul quand on anime un atelier de programmation, c’est la sécurité d’être à plusieurs, on se sent tout de suite plus forts, moins stressés. Autre avantage non négligeable on peut avoir l’impression de se mettre moins en danger en visant l’apprentissage aux débutants : il faut se dire qu’on a forcément une longueur d’avance puisqu’on maitrise notre sujet.

Bien sûr cela nécessite une certaine préparation, d’une part de façon individuelle pour maitriser correctement son sujet et d’autre part avec le groupe pour bien être coordonnés lors du jour J. Il faudra également prévoir un temps de préparation du sujet de l’atelier.

Mon expérience :

Atelier d’initiation à la programmation Android avec les Duchess Lyon (voir l’article à ce sujet)

J’ai participé à la seconde édition de cet atelier d’initiation à Android sur Lyon. Nous voulions réitérer l’expérience car Android est un langage relativement accessible à tous et l’idée de démarrer par une application sur mobile rend l’idée assez ludique pour la plupart des gens.

Nous sommes donc repartis du tutoriel de l’année dernière mais avec une toute nouvelle équipe pour animer l’atelier. Avant la séance, nous avons pris soin de redérouler le tutoriel toutes ensemble afin d’être sur la même longueur d’onde.

La séance débute avec une rapide présentation du langage grâce à quelques slides et fait rapidement place à la pratique. Le tutoriel se veut volontairement compréhensible pour tous même ceux n’ayant jamais pratiqué la programmation. Il y avait environ une dizaine de personnes, ce qui est correct pour un après-midi en plein milieu de semaine.

Dans un premier temps nous avons aidé les gens dans l’installation de l’environnement Android sur leur machine puis nous les avons guidés tout au long du tutoriel. Selon l’avancée de chacun, le tutoriel pouvait se réaliser de façon relativement autonome et la plupart des apprentis s’en sortaient plutôt bien. Nous étions là surtout en renfort afin d’expliquer les notions un peu plus compliquées et délicates.

Au final, cette séance qui a duré un peu plus de 3 heures s’est très bien passée et le sondage de la fin nous a confortés dans l’idée que les gens étaient satisfaits. Au niveau de la prise de confiance en soi, la satisfaction vient quand on se rend compte qu’on arrive à expliquer à l’autre une notion. Ca peut être un peu intimidant au début mais vous vous rendez vite compte que les mêmes questions reviennent souvent et vous aurez donc naturellement plus d’assurance.

3ème initiative : Donner des cours en tant qu’intervenant

cpe_lyon

Cette fois-ci cela demande un peu plus de responsabilité et d’autonomie. Là encore, commencez doucement, proposez de donner des cours ou d’être assistant TP dans votre ancienne école sur la technologie où vous vous sentez le plus à l’aise.

Il n’y a pas forcément besoin de passer un concours pour donner une formation dans un sujet précis en informatique. Proposez-vous spontanément, souvent les écoles cherchent des ressources supplémentaires et seront ravies que vous souhaitiez vous impliquer. Cela permet aussi d’entretenir une relation différente avec l’équipe pédagogique qui vous a accompagné durant votre scolarité et surtout d’avoir un regard nouveau en « passant de l’autre côté ».

Mon expérience : Intervenant développement mobile iOS/Android à CPE Lyon pour les élèves de dernière année

La préparation des cours, étape obligatoire est certainement la phase la plus chronophage et la moins drôle. Heureusement internet regorge de ressources pour vous aider mais la meilleure des références reste encore la documentation officielle. Soyez concis dans vos cours et n’en mettez pas trop dans vos diapos : n’oubliez pas que vous vous adressez à des élèves, qui certes peuvent être en dernière année, mais qui ont la capacité d’attention d’un poisson rouge.  Après tout il n’y a pas si longtemps, VOUS étiez à leur place. Faites les cours comme si vous vouliez qu’on vous les enseigne.

Vous avez un avantage que les autres professeurs n’ont pas : vous êtes jeune, vous avez peut-être le même look qu’eux et donc de facto ils vous écouteront plus facilement. Attention l’inverse est vrai également, prudence donc mieux vaut se faire respecter que le contraire.

Nous étions deux à assurer le cours et les TPS, la classe était composée de 16 élèves travaillant en binôme. Après quelques heures de cours, les élèves étaient invités à travailler sur un premier TP puis ensuite sur un projet noté.

L’expérience peut être assez similaire à l’atelier d’initiation à la programmation excepté que vous êtes un tantinet plus seul et que ça dure un peu plus longtemps (une semaine entière pour mon intervention).

Aussi puisque c’est vous l’expert dans la salle le doute ne doit pas s’exprimer sur votre visage. Il peut être assez étonnant de se rendre compte qu’on arrive à répondre à toutes leurs questions au final et assez marrant de voir qu’ils font tous les mêmes erreurs. Vous aurez peut-être passé un moment la première fois à corriger leur bug mais vous arriverez tel un héros la seconde fois que cela se produira chez quelqu’un autre.

A la suite du cours, un devoir surveillé est prévu et après à vous la joie des corrections. Outre le temps passé à corriger et à produire ce devoir, prenez-le comme un bon moyen de voir si vos élèves ont retenu ce que vous leur avez enseigné.

L’enseignement est le meilleur des apprentissages. Puisque vous devez apprendre aux autres, vous chercherez le moyen le plus efficace de leur enseigner et donc vous ferez gagner du temps à votre élève si vous le faites correctement. La bonne formulation ne vient pas toujours du premier coup. La répétition est aussi un excellent exercice pour votre mémoire, elle vous aide à devenir un peu plus expert et confiant dans votre domaine.


Voilà, j’espère que ces trois initiatives vont auront convaincu dans l’idée de vous lancer. Nous avons chacun à apprendre des autres et à apprendre aux autres.

Faites tourner votre savoir.